vendredi 9 février 2024

Peine de mort : Robert Badinter est mort, mais son combat reste bien vivant

 


L’ancien avocat et Garde des Sceaux, Robert Badinter est décédé dans la nuit du 8 au 9 février 2024 à l’âge de 95 ans. Ce fervent défenseur des droits humains a porté haut et fort l’abolition de la peine de mort en 1981 avant de se battre pour son abolition universelle et de nous rejoindre dans ce combat.

Nous tenons à saluer la mémoire de cet infatigable militant pour les droits humains en général, et plus particulièrement pour l’abolition de la peine capitale, qui aura été le combat de sa vie.

Tout au long de sa vie, il aura incarné la lutte pour le droit international et pour le respect des droits fondamentaux, à commencer par son opposition inlassable à cette peine inhumaine et insoutenable qu’est la peine de mort.

« Au travers de ses écrits, de ses plaidoiries mémorables, ou de ses discours, il n’aura jamais cessé de se battre pour cette cause », a réagi notre président Jean-Claude Samouiller.

M. Badinter avait rejoint le combat d’Amnesty international dans ce vaste mouvement international, représentant notre organisation à la Conférence internationale sur l’abolition de la peine de mort de Stockholm en 1977.

Aujourd’hui encore, ce combat se poursuit, et le nombre de pays ayant décidé d’en finir avec la peine capitale n’en finit pas de s’allonger.

« Cette justice d'élimination, cette justice d'angoisse et de mort, décidée avec sa marge de hasard, nous la refusons. Nous la refusons parce qu'elle est pour nous l'antijustice, parce qu'elle est la passion et la peur triomphant de la raison et de l'humanité »

Robert Badinter, Assemblée nationale, 17 septembre 1981

 

Hier, le Zimbabwe a annoncé renoncer à la peine de mort et pourrait devenir le 145e Etat à abolir cette pratique. Cette annonce n’aurait certainement eu lieu si le mouvement international pour l’abolition n’avait pas exercé une telle influence.

Ce mouvement n’aurait certainement pas été aussi important, si un jeune avocat infatigable et d’une détermination sans faille, devenu ministre de la Justice sous le premier mandat de François Mitterrand, n’avait réussi à convaincre la société française – encore très largement hostile à cette idée -, qu’il fallait en terminer avec la peine de mort.

Le 18 septembre 1981 il tient un discours devant l’Assemblée nationale qui restera dans les mémoires et dans l’Histoire comme l’un des plus puissants jamais prononcés dans l’hémicycle. Il aboutira à l’adoption d’une loi qui entrera en vigueur le 10 octobre 1981. Seuls 35 pays avaient alors aboli la peine de mort.

 

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